Douane. La puissance du port du Havre

Publié le par Mat

  Alphonse Brown et ses collègues du Havre ont encore eu le nez creux. Les services douaniers du premier port français pour le commerce extérieur et le trafic de conteneurs ont annoncé hier avoir saisi, le 5 février, un lot de 7 776 contrefaçons de canettes de boissons énergisantes de type Red Bull. Une première en matière de contrefaçon.

Plus habitués aux cigarettes contrefaites et aux pièces aéronautiques de rechange, les services douaniers ont cette fois-ci fait main basse sur une prise « d’autant plus intéressante qu’elle constitue une double infraction ».

Le Red Bull, boisson énergisante prisée des clubbers et des jeunes cadres (ultra)dynamiques, est en effet formellement interdit en France. Paradoxalement, c’est la troisième boisson la plus consommée en Europe après le Coca-Cola et le Pepsi. Les canettes, découvertes dans un conteneur en provenance de Singapour, étaient pourtant destinées à un grossiste de la région parisienne. « De nouveaux types de produits » qui inquiètent Julien Coudray, de la Direction générale des douanes: « En septembre dernier, nous nous sommes emparés de plus de 65 000 bocaux de salades d’une marque contrefaite, importés de Tunisie, mais c’est la première fois que nous saisissons des boissons ». D’autant que le contenu des canettes est « potentiellement dangereux, selon un expert de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Tout dépendra des analyses effectuées ».

Xavier Rousseau, de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) se veut toutefois rassurant pour le consommateur français : « Puisque le Red Bull est interdit chez nous, j’imagine que la cargaison était destinée à d’autres pays européens où la vente est libre. Il serait très étonnant que des gérants de supérettes constamment contrôlées prennent le risque de vendre un produit non autorisé, qui plus est, contrefait ».

Pourtant, si la France reste l’une des plaques tournantes du commerce international, on admet à la répression des fraudes qu’il paraît « difficile d’écarter la possibilité d’une contrebande de produits revendus sous le manteau ». Sans compter les initiatives individuelles de gérants de supérettes peu regardants.

En avril 2006, un franchisé de l’enseigne Shopi avait ainsi mis en vente la fameuse canette bleue frappée d’un taureau, avant que la direction de Carrefour, propriétaire des supérettes, ne la retire « une fois pris connaissance du méfait ». Preuve peut-être que la demande de Red Bull ne se limite plus aux vacanciers de retour d’Espagne.

Me Cardelli, qui a déposé une plainte pour contrefaçon auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris, au nom de la société Red Bull, ne semble qu’à moitié étonné d’une telle saisie : « La marque est devenue très populaire grâce aux activités de sponsoring sportif. Toute l’année 2006, nous avons trouvé des contrefaçons des produits textiles. Maintenant, c’est au tour des boissons ».

Rapportée aux 5 millions de produits falsifiés interceptés chaque année par les douanes françaises, la contrefaçon alimentaire demeure certes mineure. Mais, avertit Julien Coudray, « comme dans la mode vestimentaire, les trafiquants surfent sur un créneau rentable, car recherché ». Alphonse Brown a de quoi s’occuper.

 

Le "Gold Cow Energy Drink", contrefaçon grossière de la boisson énergisante "Red Bull", interdite en France.

Publié dans Exercices CFJ

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