2007, la moisson de toutes les déceptions

Publié le par Mat

Coulisses. Les moissons touchent à leur fin. Embarquement à bord d'une moissonneuse-batteuse pour suivre les derniers instants d'une récolte morose.


Il n'en reste que trois. Plus que trois hectares de blé à faucher et les moissons s'achèveront pour Marc Van Doorne, agriculteur de Cambes-en-Plaine. Après le colza et l'orge, récoltés « entre les averses de juillet », voici venu le temps des blés. 13 heures pile poil, le moment idéal pour moissonner. « Il faut que le blé soit bien sec, donc généralement on fait ça en début d'après-midi, explique le pilote, à bord de sa grosse moissonneuse-batteuse allemande. Chez nous, quand il fait beau, il faut y aller. Sinon le blé s'abîme. Ce n'est pas comme dans le Sud de la France où ils ont toujours du soleil. »

Du soleil, c'est bien ce qu'il a manqué cette année aux agriculteurs du département. Précipitations à la floraison, décevantes moissons. « Il n'a pas arrêté de pleuvoir depuis mai, cela a favorisé le développement des maladies. Même si on traite nos champs, on ne peut pas tout contrôler. » Résultats chiffrés : de 65 à 80 quintaux de blé récoltés à l'hectare, contre 90 à 95 pour une année moyenne. Effets tangibles sur le terrain : la moissonneuse avance goulûment dans le champ. « Plus le rendement est faible, plus on peut rouler vite, résume Marc Van Doorne. Cette année, le poids spécifique, qui correspond en gros à la densité du blé, oscille entre 68 et 74 kilogrammes par hectolitre de grains, alors qu'habituellement, il tourne plutôt autour de 80 de moyenne. » Dure nouvelle.


« Ma 21e et plus mauvaise récolte »


« Pour les agriculteurs, cette période c'est l'accomplissement d'une année de travail. On découvre en très peu de temps ce que nous allons gagner. » Or, cette année, la déception est grande pour Marc Van Doorne. Il aura moissonné jusqu'à 230 hectares de céréales, passé l'équivalent de 15 à 20 jours sur sa moissonneuse pour une récolte qui n'aura jamais été aussi maigre « en 21 ans de pratique ».

A bientôt 42 ans, cet agriculteur ne restera cependant pas sur la paille. Le cours du blé est en constante augmentation. La tonne se vend « jusqu'à 200 € en ce moment ».

Pour autant, tout ne part pas à la coopérative. Transformés en grosses balles, les résidus de paille serviront de litière aux animaux. Pour Marc Van Doorne, reste à définir une nouvelle culture pour la prochaine saison car « il faut attendre deux ans pour recultiver du blé sur le même terrain ». Mais en attendant de ressemer, « nous allons quand même ripailler pour oublier la moisson ». Quelques bulles pour faire passer cette année zéro.


 


 


 



 


Publié dans Ouest France

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